Corps de femmes, transe de femmes…
osons réveiller les anciens rituels

Génération Tao n°65 Juin 2012

    Nous sommes à une époque charnière où anciennes et nouvelles valeurs se confrontent ? La roue tourne. Dionysos, resté silencieux depuis tant de siècles, nous appelle au son des tambours et des sistres nous invitant à célébrer à nouveau la nature, celle que l’Homme a maltraitée et subjuguée, celle qui sommeille en nous.

    Castrées de l’inspiration divine depuis des siècles, les femmes se réveillent aujourd’hui et ouvrent les yeux…un cri de honte, un cri de douleur…qu’avez-vous fait de la terre, qu’avez-vous fait de la vie, qu’avez-vous fait de nous ? C’est l’heure du renouvellement. Mais qui sommes-nous, nous les femmes, dans notre corps, dans la relation à nous-mêmes et à la vie ? Quelle partie de nous reste encore enfouie, endormie comme la belle au bois dormant attendant son prince, ou alors éteinte, perdue, inhabitée ? Osons réveiller les anciens rituels pour faire parler la déesse aux mille visages, l’éternel féminin qui s’est enfui aux fonds des grottes et des sombres forêts, au plus profond de l’océan. Demandons lui une nouvelle naissance, ou au moins de guider nos pas car tant de temps s’est écoulé. Les valeurs de la cité et du patriarcat ont maquillé notre corps et notre âme. Allons chercher l’initiatrice, la terrible, la vraie, celle qui porte dans son panier tout l’espoir du monde parce qu’elle est tout simplement la vie...non pas l‘absolu lumineux et aveuglant qui a fait de notre passage sur terre un pêché et une honte, mais une ode à la terre et à l’incarnation, à la passion d’être vivant, à la magie des cycles qui ne s’épuisent jamais de renaître

    Les anciens cultes de la déesse honoraient la vie au travers de la nature et de ses mystères. Les rites invoquaient la transe pour entrer en communion avec les forces même de la nature telle qu’Elle la créait et la recréait à chaque instant. L’origine alors était ce Féminin d’où naît la vie manifestée, dans sa diversité infinie et infiniment dynamique. La Création était adorée au travers du créé, la nature et le mouvement même de la vie ou la vie en mouvement, en transmutation et transformation, illusion et présence comme l’impression de l’âme dans le corps.

    La transe, de tout temps, a été un porte-parole de la déesse, l’extase un porte-parole de la vie. Oser cette porte permet de transcender l’immédiateté du connu et de se réveiller autre. Au fin fond de l’abîme, du non-sens, de la solitude de la femme soit disant libérée, de la folie de la boulimie/anorexie, cette offrande à la vie ouvre un autre chemin. Les femmes aujourd’hui ont besoin de découvrir pour elles-mêmes le sens d’être femme. Elles ont besoin d’explorer leur corps, de se le ré approprier et d’oser l’intensité, la profondeur de leur vérité. Danser la transe pour communier avec le feu, avec les mystères chuchotés par la pierre, l’eau, l’océan et le vent, deviendra une nouvelle aube. Car nous sommes la déesse, nous le sommes dans notre corps de femme. Revenir à la nature est un moyen de découvrir sa propre nature, mais aussi de réaliser à quel point nous nous sommes distanciées, artificialisées. Les enseignements du chamanisme, de la transe, évoquent une quête devenue nécessité, pour femmes et les hommes. Cette pratique est avant tout une rencontre avec la nature vivante, la nature à qui on a redonné une vie spirituelle. Osons la nuit, osons le lever du jour et le soleil qui s’étire en un adieu…osons nous perdre dans la forêt sauvage…Nous avons besoin de réapprendre à gouter la vie, de l’intérieur, en redevenant à nouveau la sève ou la vie elle-même. Etre femme, être homme, ne pourra plus alors être une définition apportée par les autres mais un sentiment d’existence qui offrira son propre message.